Église Sainte Marie de Magescq
L’église de Magescq remonte à la fin du XII° siècle, ou au tout début du XIII° siècle. Elle a été bâtie conformément au style de transition entre le style roman et le style gothique. Le chevet est roman (XII° s°). La nef et le clocher (avant sa restauration) sont sûrement postérieurs au XIII° s. Les fenêtres, avec la forme des arcs surbaissés, annoncent la Renaissance (XVI° ou XVII° s).
Cet édifice a donc évolué au fil de l’Histoire.
Un crénelage continu couronne l’édifice entier et les contreforts d’angle, vigoureux et massifs, témoignent d’un passé d’église-forteresse: si l’église était attaquée, la garnison se tenait aux créneaux et à la bretèche qui défendait la porte d’entrée (aujourd’hui bouchée), située alors derrière la croix extérieure (à droite du porche).
L’église servit de lieu de refuge et de défense, sans doute dès le XIV°s (guerre de Cent Ans : 1337-1453) : une des causes du déclenchement de cette guerre n’est-elle pas la montée de la tension au sujet de la Guyenne, entre les rois de France et d’Angleterre ? Il en subsiste sur le chevet un chemin de ronde protégé de hauts merlons et le vestige d’une ancienne bretèche sur le mur sud protégeant une porte latérale aujourd’hui bouchée.
Suivirent ensuite d’autres événements qui expliquent que l’église eut à souffrir de nombreux désordres: en 1569, en pleine guerre des religions, les bandes protestantes de Montgomery mirent la contrée à feu et à sang. Selon les mémoires de Jean de Caunègre en 1650, il est acquis que Montgomery séjourna à Magescq avec son armée. Et une circonstance très particulière signalait Magescq à la haine de Montgomery: le petit-fils du maréchal de Monluc –qui avait imposé des échecs à Montgomery- était seigneur du village.
Il est possible que l’église ait alors été saccagée et qu’elle fût ensuite restaurée sous Louis XIII vers 1610-1620 avec son clocher actuel: « on couronna la tour romane carrée (ancien clocher) avec un haut bonnet arrondi aux angles supérieurs et revêtu d’ardoise et surmonté par un pinacle de casque à pointe…… ». Le XVII° et XVIII° siècle marquèrent aussi des transformations importantes : voûtement surbaissé de la nef en lattes et en plâtre en forme d’anse de panier, décoration de l’abside avec ses fenêtres basses en plein cintre qui s’ouvrent sur les vitraux modernes et sans aucune moulure. Et il n’est que de regarder les revêtements des six chapiteaux présents dans l’abside pour se laisser séduire par leur décoration rappelant les motifs du XII° siècle (oves en saillies avec leurs têtes d’aigles).
Le temps fit ensuite inexorablement son travail: dès 1832, le clocher est dans un tel état de délabrement qu’il faut en reconstruire la charpente, mais en 1871 la couverture en bois est remplacée par une couverture en ardoise avec crochets en zinc. Des travaux d’aménagement sont parallèlement effectués (escaliers dans le clocher en 1834 ; édification de la sacristie en 1845 ; construction d’un mur de soutènement au nord ...). En 1924, un projet de démolition et reconstruction voit même le jour : les murs de nef noircissent faute de soins, les fondations verdissent, les contreforts laissent pousser l’herbe entre les pierres disjointes, des plaques entières se détachent du plafond. Messieurs Brutails et de Cardaillac sauvent l’église de la démolition ... Et persuadent le maire d’alors, Félix Doussy d’entreprendre d’importants travaux de remise en état de la voûte et de consolidations des murs (1930).
L’édifice est inscrit en totalité sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 13 février 1969. Il convient de remarquer à ce titre un Christ –à droite vers le chœur- qui serait daté du XVI° ou XVII° siècle.
De 1983 à 1985, des travaux de maçonnerie extérieure du chevet sont réalisés.
Depuis 2002, des travaux se succèdent régulièrement :
- restauration de la charpente couverture de la nef et du chevet avec mise en place d’un système de collecte des eaux de pluie par dalles pendantes avec descente en cuivre ;
- une deuxième campagne de travaux en 2005 a porté sur des interventions intérieures : chauffage, éclairage, décor peint de l’abside ;
- en 2008 c’est la façade nord de la nef qui a fait l’objet d’une restauration des vitraux et des maçonneries avec la réalisation d’enduits au mortier de chaux, recouverts d’un badigeon clair semblable aux traces retrouvées avant restauration ;
- en 2009-2010 une nouvelle tranche comprend la restauration des vitraux et des maçonneries de la façade sud de la nef et du clocher. Les réfections mises en oeuvre ont consisté à restituer les enduits badigeonnés de la nef - constituée de moellons de calcaire et de carluche - et à traiter le clocher de manière différenciée – car bâti en moellons de Bidache - par un chaulage semblable aux traces de badigeon clair retrouvées sous l’enduit avant travaux.
L’église de Magescq «séduit d’emblée par ses dimensions, par sa belle mine, par son caractère simple et grave » (Mr Brutails). Sa restauration intérieure et extérieure veut préserver un édifice majeur du patrimoine communal dont la mise en valeur se poursuit avec la réfection de la place et l’installation d’un éclairage qui lui restitue son caractère imposant.